A la découverte du Yoga... et de l'énergie subtile.
Prâna et Mahâprâna
L'énergie pure qui circule en nous et tout autour de nous
Le Hatha -Yoga est la discipline la mieux appropriée pour parvenir à prendre conscience des différents points d'énergie que compte notre corps.
La posture ( asana) et la pratique du souffle : inspir- retention-expir -retention ( pranayama) sont les deux facteurs indispensables et indissociables pour parvenir à ressentir en soi ces points d'énergie.
En Inde, la philosophie du Samkhya est étroitement liée à la discipline du Yoga. Le Samkhya est un compte rendu de la réalité, qui énumère la relation qui existe entre l'Esprit ( Purusha) et l'Action créative ( Prakriti).
Enumération dont découle la matière, manifestation de notre Univers selon les 3 Gunas : Sattva ( germe de l'harmonie), Rajas (germe de l'action) et Tamas (germe de l'inertie).
Ces 3 qualités de la matière forment des combinaisons qui déterminent des périodes des périodes de résorption ou d'évolution cosmique.
Or, le Samkhya est une philosophie dualiste qui enseigne que l'Univers ( le macrocosme ) et l'Homme ( le microcosme) sont nés de 2 principes complémentaires et indissociables, deux réalités, l'une matérielle et l'autre spirituelle.
Ainsi des 3 Gunas dépendent les changements cosmiques, mais aussi le bon fonctionnement de notre corps et de notre esprit.
La médecine Ayurvédique est née de ce constat, elle établit une connexion entre les organes du corps humain et les 5 éléments de la matière, qui sont: L'Ether (L'espace), l'Air, le Feu, l'Eau et la Terre.
Ces 5 Mahabhûtas influencés par les 3 Gunas, vont déterminer des tempéraments psychiques et organiques.
La pratique du Hatha-Yoga permet d'unir les deux entités matérielles et spirituelles que sont le corps et l'esprit.
Le pratiquant à force de concentration parvient au Samadhi, l'état de stabilité, la 8ème et dernière phase de l'Ashtanga-Yoga (Le Yoga de Patanjali).
A ce stade, toute dualité a disparue. L'Ego est dépassé.
Il n'existe plus de différence entre celui qui perçoit et ce qui est perçu. Le moi individuel se fond dans le soi, dans la réalité suprême.
Mais avant d'arriver à l'état de libération du Samadhi, il est nécessaire d'expérimenter et prendre conscience de l'énergie présente dans chaque chose, dans notre corps,
mais aussi dans l'air que l'on respire, dans le souffle, dans le cosmos: c'est le principe universel d'énergie de la vie : Le Prâna.
Le Prâna est une énergie subtile qui favorise le développement de notre conscience vers des états de conscience de plus en plus élevés, fins et spirituels.
Le Prâna est la conscience universelle à l'origine du monde, l'essence de la vie, la Kundalini Shakti.
Le Prâna est cet esprit, ce souffle vital qui circule dans les nadis, ces canaux répartis dans tout notre corps.
(Il y en aurait entre 72 000 et 350 000 selon les écoles.)
Les 3 principaux nadis sont:
- Ida nadi: narine gauche, représente le caractère féminin, lunaire, et froid de la respiration
-Pingala nadi: narine droite, représente le caractère masculin, solaire et chaud de la respiration
Ce sont eux que l'on stimule dans les exercices de Prânayama.
-La Sushumna : la nadi centrale qui se situe le long de l'axe cérébro-spinal. C'est le canal par lequel s'élève la Kundalini lors du Samadhi.
Cette énergie est présente partout, dans le macrocosme (Mahâprâna la grande énergie cosmique) et dans le microcosme (Prâna à l'échelle humaine) qui se manifeste
par le souffle et qui agit au niveau des poumons par la fonction respiratoire qui génère la vie.
Il existe 5 souffles ou Vayus, courants vitaux qui circulent dans le corps et transportent l'énergie subtile. Ces 5 Vayus régulent l'action du Prâna et ont chacun
un rôle bien précis:
-Prâna Vayu : La respiration ( au niveau du Thorax et du Cœur) - Réception et Absorption- Symbolisé par la couleur émeraude.
-Apâna Vayu: L'évacuation ( les narines et l'anus) - Souffle abdominal- A l'expiration le prâna descend dans le corps- Symbolisé par la couleur rouge.
-Udana Vayu: Déconnection de l'Ego pendant le sommeil et reconnexion de l'Ego au réveil. Souffle vertical ( au niveau de la gorge) - C'est le souffle de l'expression.
C'est le plus subtil des Vayus, car en le canalisant il est possible de surmonter les limites du temps et de l'espace, en réveillant alors le prâna universel
ou Kundalini- Symbolisé de la couleur d'une étincelle de feu-
-Samana Vayu: L'assimilation qui règle les échanges entre Prâna et Apana ( souffle ascendant et descendant)- Sensation tactile dans tout le corps- Il aide à la digestion -
Il est couleur de lait.
-Vyana Vayu: Souffle qui accompagne la sensation du touché sur le corps. Il aide à dissoudre les différences. Symbolisé par les couleurs Blanc/Violet.
Cette énergie subtile est stimulée et canalisée à l'aide de techniques de Pranâyama (contrôle du souffle), d'Asanas (postures) et de Bandas
(blocages provoqués par la contraction musculaire volontaire, qui agissentt comme des verrous à plusieurs niveaux du corps humain:
-Mûla bandha, au niveau de l'anus/périnée, le prâna est alors retenu à l'intérieur du corps.
-Uddiyânâ bandha, au niveau abdominal, le prâna monte par les nadis vers le haut du corps.
-Jâlandhara bandha, au niveau de la gorge et enfin Jivha bandha, la langue pressée contre le palais pendant la rétention de souffle.
Cette énergie subtile est aussi stimulée et canalisée à l'aide de mudras. Il s'agit d'un langage gestuel symbolique que l'on utilise comme support de concentration lors de la prise de posture ou comme support de méditation...
Jnâna mudra, Shiva mudra, Om mudra...Les mudras sont des attitudes corporelles qui scellent les orifices du corps humain et favorisent une concentration extrême sur un point donné afin de permettre à l'esprit d'accéder
à un état de stabilité intérieure.
Enfin, lorsque la posture est ferme, stable et confortable apparait un espace heureux où toutes les tensions inutiles sont relâchées au niveau musculaire et mental.
Dans la pratique du Yoga survient alors le lâcher-prise, ce qui veut dire, l'arrêt de la volonté qui nous pousse à nous approprier, à prendre et à contrôler ce qui nous arrive. Cela revient à accepter de négocier avec son manque de souplesse, accepter que la posture parfaite soit celle que l'on ne peut plus améliorer avec ses moyens du moment...
Le lâcher-prise, c'est l'humilité et la simplicité retrouvées, l'Etat sans désir. Sans désir on est sans pensée et sans pensée, on est dans la réalité. ( Yoga-Sutras de Patanjali)
On peut alors entrevoir les Chakras, supports de contemplation et d'évocation magico-spirituelle-rituelle , roues, cercles, disques qui centralisent, stockent et distribuent l'énergie vitale: Prâna Shakti dans les organes du corps physique. Ils sont en général au nombre de 7. Mais eux-mêmes n'appartiennent pas à ce corps physique et de ce fait aucune dissection anatomique ne saurait les révéler !
Ne peut les "voir " et à fortiori agir sur eux, que l'être qui s'est hissé à un niveau de conscience correspondant. ( Cas peu fréquent si on écarte la simulation et l'autosuggestion).
Ces Chakras sont en théorie situés à l'intérieur de la Susumna, la voie royale, nadi centrale, elle-même située à l'intérieur de la moelle épinière.
La Kundalini ( serpent femelle lovée) est endormie au niveau du Chakra de la base, mûlâdhâra, elle va s'éveiller grâce à la pratique d'un rituel qui comprend toutes les techniques du Hatha-Yoga que je viens d'exposer ci-dessus.
De virtuels qu'ils étaient, les chakras deviennent réels lorsque la Kundalini Shakti endormie s'éveille et "réalise" qu'elle est la déesse, ce qui lui permet de s'unir à Shiva: L'âme individuelle se libère en réalisant son identité avec l'âme universelle.
Reparcourir en sens inverse les étapes du mouvement créateur, depuis le point le plus bas jusqu'à la source, telle est la perspective d'éveil de énergie libérée. A chaque degrés de l'ascension, elle perce un nouveau Chakra en provoquant une chaleur intense, tandis que la partie inférieure du corps devient inerte et glacée.
L'éveil de la Kundalini est essentiellement "un moyen de réalisation", un chemin conduisant l'adepte à l'épanouissement absolu de toutes les virtualités qu'il porte en lui jusqu'à obtenir la délivrance finale et définitive en perçant le lotus aux mille pétales- Sahasrâra-padma-"L'ouverture débouchant sur le Brahman".
Tous ces phénomènes entrent en action par le souffle.
Le Prâna représente la masse d'air inspirée par les narines , Apâna la masse d'air expirée par la bouche, qui change de nature à l'intérieur du corps après avoir vivifié celui-ci.
Mais, le Prâna est surtout l'agent de cette vivification, car il n'entre ni ne sort du corps sauf au moment de la naissance ( les souffles commencent alors leur action) et de la mort (où dit-on l'individu restitue ses souffles qui s'échappent pour se fondre aux 5 éléments de la matière).
Les souffles sont donc de véritables éléments cosmiques à l'œuvre à l'intérieur du corps, comme le seraient des sortes de "Génies" assurant la vie. Et, c'est justement parce qu'ils sont des éléments : Eau, Feu, Terre, Ether et Air agissant en nous qu'ils peuvent et doivent à notre mort retourner à l'Eau, à la Terre, au Feu, à l'Espace et à L'Air. En sanskrit "mourir" se dit "retourner aux 5 éléments cosmiques.
Ainsi, les Upanishads du Yoga nomment Vayu (Vent) la masse d'air absorbée par le sujet respirant. On y explique aussi que ce Vayu (air inspiré) est pris en charge par le Prâna ( souffle "en avant" dirigé vers la partie la plus importante de l'être : l'intérieur), diffusé dans tout le corps (souffle Vyâna), puis conduit par l'Apâna (souffle expiré) jusqu'aux orifices d'évacuations ( bouche et narines).
Ce processus naturel est celui que l'on observe chez tout être humain "normal". L'adepte (Yogin) introduit dans son rythme respiratoire un élément nouveau: la tenue de souffle Kumbhaka qui a pour but de laisser le temps au Prâna d'accomplir une fonction nouvelle: l' Eveil de la Kundalini.
La Kundalini peut s'éveiller spontanément chez certains êtres , ce que les Hindous auront tendance à expliquer par une ascèse poursuivie dans des vies antérieures.
Ce Laya-Yoga ( Yoga de la dissolution) exige à l'évidence une puissance de visualisation exceptionnelle, la capacité de vivre effectivement dans son corps de telles transmutations alchimiques,
ce qui n'est pas à la portée du premier venu.
Cependant, on l'a vu, le Hatha-Yoga offre toutes les clefs pour permettre au pratiquant de prendre conscience des subtilités qui régissent son corps et son mental.
La concentration et la respiration dans la posture amènent au lâcher-prise et à la visualisation du Prâna cette énergie cosmique qui circule en nous et tout autour de nous.
Il est donc possible, sans prendre de risque et sans se prendre pour un apprenti sorcier, de définir de façon virtuelle la position des Chakras le long de l'axe vertébral et de poser sa conscience
sur chacun d'entre eux afin d'expérimenter individuellement et personnellement à l'aide des techniques du Hatha-Yoga, quelles sont les perceptions et les observations que chacun d'entre-nous en tant que pratiquant,
peut enregistrer dans une posture (asâna) donnée. Cela permet de nourrir et d'enrichir sa pratique du Yoga. C'est une ouverture d'Esprit sur le symbolisme et sa signification qui est ainsi proposée,
où chacun et chacune peut trouver des réponses aux questions posées sur le chemin infini du Yoga.
Peut-être que cela nous amènera tout simplement à corriger notre posture, à affiner notre conscience, à allonger notre souffle, à décontracter nos muscles, à détendre notre Esprit...
Finalement à vivre l'asâna dans un Espace Heureux.
J'espère que cet article vous aura intéressé !
Je vous souhaite de réussir à expérimenter et à observer les changements qui s'opèrent en nous lorsque la pratique du Yoga est réellement intériorisée et consciente...
A bientôt !
Corinne.
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