L'Abbaye du Thoronet, joyau de l'art cistercien
J'ai tant apprécié mon séjour sur l'ïle St Honnorat l'été dernier, que je souhaitais visiter l'Abbaye du Thoronet autre grand bastion dans la région de l'ordre cistercien...
C'est à l'occasion des fêtes de Pâques que nous avons découvert ce site magnifique, empreint d'une grande sérénité.
L'abbaye est assez isolée du monde,
puisqu'elle est entourée par la forêt sans aucune construction autour, mis à part le parking paysagé joliment aménagé où l'on peut pic-niquer.
Au cœur de l'arrière-pays varois, l'abbaye du Thoronet est l'une des "trois sœurs provençales", avec les abbayes cisterciennes de Sénanque et Silvacane.
En 1136, un groupe de moines de l'ordre de Cîteaux quitte l'abbaye de Mazan en Ardèche pour fonder un monastère en 1146 en Provence.
Ils le bâtiront 15 ans plus tard près de Lorgues, en un lieu boisé entre le coude d'une petite rivière et une source.
La construction de l'abbaye du Thoronet commence donc en 1160 et se prolonge jusqu'en 1230. Au début du XIIIe siècle, le monastère abrite une vingtaine de moine et quelques dizaines de frères convers.
(Les convers étaient chargés des travaux manuels. Ils n'étaient pas admis au chapitre et n'intervenaient donc pas lors des décisions importantes. D'où l'expression "n'avoir pas voix au chapitre")
Moins de deux siècles plus tard, le déclin de l'abbaye est déjà entamé.
En 1660, le prieur signale la nécessité de la restaurer. En 1699, on déplore fissures et effondrements des toitures, portes rompues et fenêtres délabrées. En 1790, sept moines âgés y résident encore.
La disparition de l'abbaye menace lorsque Prosper Mérimée ( Ecrivain, l'un des premiers inspecteurs des monuments historiques) la sauve en la signalant à Révoil, l'architecte des monuments historiques.
Sa restauration débute en 1841 pour ne plus cesser, tandis que l'Etat achète progressivement le site à partir de 1854.
L'abbaye est particulièrement renommée pour la pureté de ses lignes et la simplicité des volumes essentiellement dictés par l'organisation
de la vie communautaire.
La rigueur de l'appareillage des pierres, ses proportions harmonieuses et l'absolu dépouillement de son architecture lui confèrent une acoustique exceptionnelle.
Les offices chantés rythmaient la vie spirituelle des moines. De nos jours l'abbaye accueille "Les Rencontres Internationales de Musique Médiévale".
Elle est source d'inspiration pour de nombreux architectes, dont Le Corbusier au XXe siècle, comme en témoigne Fernand Pouillon dans son roman "Les Pierres sauvages".
Avec " Les leçons du Thoronet", un grand architecte contemporain ( Eduardo Souto de Moura, Patrick Berger...) est invité chaque année à mener une réflexion sur les bâtiments et à réaliser une intervention réversible.
L'abbaye rayonne d'une beauté austère et sans artifice, conforme à la spiritualité que prônait Saint Bernard.
Les principes fondateurs de l'Ordre Cistercien:
A l'aube du XIIe siècle , l'ordre monastique clunisien atteint son apogée et affiche sa puissance, gloire et richesse.
Un moine, Robert de Molesme, réagit et décide de revenir à la règle stricte de Saint Benoît, rédigée vers 534, qui prône l'humilité, l'obéissance, la pauvreté et le juste équilibre entre travail manuel et prière.
En 1098, il fonde le monastère de Citeaux, près de Dijon, qui donne son nom au nouvel ordre. A partir de 1109, Etienne Harding codifie la règle cistercienne.
L'essor de l'Ordre Cistercien:
Entre 1113 et 1115, Cîteaux fonde les quatre premières de ses "filles": La Ferté, Pontigny, Morimond et Clairvaux.
Sous l'abbatiat de Bernard, de 1115 à 1153, qui réaffirme avec vigueur la règle de Saint Benoît, Clairvaux devient le centre de l'Ordre Cistercien qui essaime à travers toute l'Europe.
Fustigeant violemment l'apparat de Cluny, Bernard de Clairvaux trace la voie de la rigueur et du dénuement. Seuls le travail et la prière doivent animer les cisterciens, alors dénommés les "moines blancs".
En 1153, à la mort de Bernard, Clairvaux compte plus de 160 moines, tandis que la nouvelle famille cistercienne dénombre près de 350 abbayes.
Il n'empêche que pour avoir le droit de célébrer la messe l'Eglise doit payer un tribut à l'Etat car l'Abbaye est gérée par le Centre des monuments nationaux...
Quelques mots sur "la Pâque" et "la Résurrection" :
Extraits du Dictionnaire critique de théologie- Edition Quadrige/PUF
"A l'origine, la Pâque est une célébration de pasteurs dont le troupeau est la ressource la plus importante et la plus précieuse. Fête de printemps la célébration a lieu lors de la pleine lune, elle se déroule de nuit et réunit toute la famille. A partir de l'immolation d'un animal, agneau ou chevreau, âgé d'un an, le père de famille accomplissait le rite du sang, puis présidait un repas où la chair de la victime avait été préalablement rôtie..."
"...Repas de communion avec la divinité qui dispense la pluie et accorde la fécondité du troupeau...Qui devient par la suite une action que tous les Israélites célèbrent en venant à Jérusalem; elle doit opérer le rassemblement du peuple pour qu'il confesse sa foi au Dieu qui l'a fait sortir du pays d'Egypte...Récit de la dixième plaie qui atteint les premiers-nés d'Egypte alors que le fléau épargne les Israélites grâce au sang de la victime pascale..."
"Dans le nouveau testament Jésus meurt le jour de la Pâque... Jésus est le véritable agneau pascal immolé à l'heure où l'on sacrifie dans le Temple les agneaux destinés au repas pascal... La Cène a les caractéristiques du repas pascal."
"Le mystère pascal désigne d'un point de vue historique, l'événement de la mort et de la résurrection du Christ et d'un point de vue liturgique, l'ensemble des rites qui célèbrent cet événement, chaque année lors de la Pâque, chaque jour dans l'eucharistie...La mort du Christ est célébrée comme l'heure de sa glorification et comme la mort d'où vient la vie..."
"Par sa passion , le Seigneur est passé de la mort à la vie, nous ouvrant la voie, à nous qui croyons en sa résurrection , pour que nous passions nous aussi de la mort à la vie...Pâque est alors célébrée comme un mystère alors que Noël et toutes les autres fêtes sont considérées comme des commémorations..."
"Sur le fondement des données bibliques, la résurrection des morts est, dans la tradition chrétienne, l'un des articles de foi les plus anciennement attestés...La conviction première des chrétiens est que Dieu a arraché Jésus le Nazaréen à la mort...C'est ce réveil à la vie transcendant la précarité de notre monde, qui appelle à la mémoire de son parcours terrestre, sa condamnation à mort y comprise...Le Christ ressuscité, réalise d'abord en son propre corps et pour nous la plénitude de vie qui est le destin de toute l'humanité sauvée..."Père, pardonne-leur."
"Si Jésus est mort pour les autres, d'une mort à valeur universelle, il vit désormais pour les autres d'une vie à portée universelle..."
83340 Le Thoronet
tél: +33 (0)4 94 60 43 96
resa-thoronet@monuments-nationaux.fr
facebook.com/abbayethoronet
Visite libre ou commentée...Très jolie boutique !
Ouverture du 1er avril au 30 septembre de 10h à 18h30 et de 10h à 12h / 14h à 18h30 le dimanche
Ouverture du 1er octobre au 31 mars de 10h à13h / 14h à 17h et de 10h à 12h / 14h à 17h le dimanche
Fermé le 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre et le 25 décembre.
Accès RN7 ou A8 sortie Le Luc/Cannet-des-Maures
A bientôt !
Corinne
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