Méditation de Novembre
Derrière le Voile des Apparences...
Imaginons une rose fraîchement éclose dont nous admirons la beauté. Qu'elle est belle !
Imaginons maintenant que nous sommes un petit insecte qui grignote un morceau de pétale. Qu'il est bon !
Visualisons-nous dans la peau d'un tigre devant lequel cette rose est posée. Pour lui, la fleur ou une botte de foin, cela ne fait guère de différence.
Transportons-nous maintenant au cœur de cette rose et imaginons-nous sous l'aspect d'un atome. Nous n'existons plus que sous forme de trajectoires énergétiques dans un monde kaléidoscopique, au sein d'un tourbillon de particules qui traversent un espace presque entièrement vide.
Où est passée la Rose? Où sont sa couleur, sa forme, sa texture, son parfum, son goût, sa beauté ?
Quant aux particules, si on y regarde de plus près, sont-elles des objets solides? Pas vraiment disent les physiciens. Ce sont des"évènements" qui surgissent du vide quantique, des "ondes de probabilités" et, enfin, de l'énergie.
De l'énergie? Serait-ce là une entité? N'Est-ce pas plutôt un potentiel de manifestation qui n'est ni non-existant ni vraiment existant ?
Que reste-t-il de la rose ?
La "vacuité" de quelque chose, ce n'est pas l'inexistence de cette chose mais sa nature véritable.
La vacuité d'un arc- en -ciel, ce n'est pas son absence, c'est le fait qu'alors qu'il brille de toutes ses couleurs chatoyantes, il est entièrement dépourvu d'existence propre, autonome et permanente.
Il suffit que le soleil qui brille derrière nous soit voilé un instant, ou que le rideau de pluie cesse de tomber, pour que l'arc-en-ciel s'évanouisse sans laisser la moindre trace.
Examinons ainsi la nature des choses qui nous entourent.
Rendons-nous compte qu'en dépit de leur apparence tangible elles sont dénuées d'existence ultime.
Laissons notre esprit reposer quelques instants dans cette union indissoluble des apparences et de la vacuité, de la forme et du vide.
Matthieu Ricard extrait de son livre "L'art de la Méditation".
"Au cœur de l'hiver, le froid fait geler les rivières et les lacs; l'eau devient si solide qu'elle peut porter hommes, bêtes et véhicules.
Quand vient le printemps, la terre et l'eau se réchauffent et a lieu le dégel. Que reste-t-il de la solidité de la glace?
L'eau redevient liquide et fluide, la glace est dure et figée, elles ne sont donc pas identiques, mais elles ne sont pas non plus différentes, puisque la glace n'est que de l'eau figée et l'eau, de la glace fondue.
Cette métaphore s'applique à notre perception du "réel". Quand nous nous attachons à la réalité des choses, quand nous nous laissons emporter par les jugements entre le désir ou la haine, le plaisir ou la douleur, les profits ou les pertes, la gloire ou l'infamie, la louange ou la critique, notre esprit se fige.
Or, ce que nous pouvons faire, c'est fondre la glace des concepts et des préjugés pour la transformer en l'eau vive de la liberté de tous les possibles."
Khyentsé Rinpotché ...est une des sources d'inspiration de Matthieu Ricard .
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