NIYAMA : second membre du yoga de Patanjali
NIYAMA : second membre du Yoga de Patanjali
Dans l'énumération des huit membres du Yoga, les Niyamas précèdent Asana et Prânâyâma. Ils font la transition entre le code moral exprimé dans les Yamas, et la pratique.
Ils reprennent les termes du Kriya Yoga en affinant l'attitude mentale.
Niyama: répression, limitation, contrainte, règle, observance.
II.32. Shaucha- samtosha- tapah- svâdhyâya- îshvarapranidhânâni
-Saucha: pureté, propreté, purification, honnêteté, correction.
-Samtosha: satisfaction, contentement.
-Tapah: ascèse, pratique intense.
-Svâdhyâya: connaissance de soi, des textes.
-Ishvarapranidhâna: lâcher-prise, abandon à Dieu.
Rappel de l'importance du mental dans la pratique des Yamas et des Niyamas.
"Etre clair dans ses pensées et ses actes, être en paix avec ce que l'on vit, sans désirer plus ou autre chose, pratiquer avec ardeur, apprendre à se connaître et à agir dans le mouvement de la vie, telles sont les règles de vie que propose le Yoga."
II.33. Vitarka- bâdhané pratipaksha- bhâvanam
-Vitarka: supposition, conjecture, doute, raisonnement, réflexion.
-Bâdhana: oppression, fait de harceler.
-Pratipaksha: côté opposé, parti contraire, opposition rivalité.
-Bhâvana: action de faire apparaître, création mentale, conception.
" Quand les pensées perturbent ces attitudes, il faut laisser se manifester le contraire."
Exemple de pensée perturbatrice: la violence.
Une pensée qui perturbe est forcément inadéquate. En méditant sur le contraire, on rétablit l'équilibre.
C'est simple, évident, et si difficile à appliquer. Il faut beaucoup d'humilité pour se rappeler, dans un moment de trouble, que l'on est toujours subjectif, qu'un autre point de vue peut-être tout aussi valable, et qu'il convient d'éviter de se laisser enfermer dans ce qui paraît certain.
" L'erreur, c'est l'oubli de la vérité contraire ", a dit Pascal.
II.34. Vitarkâ himsâ- âdaya krita- kârita- anumo- ditâ lobha- krodha- moha- pûrvakâ mridu- madhya- adhimâtrâ dukha- ajnâna- ananta- phalâ iti pratipaksha- bhâvanam.
-Vitarka: conjecture, raisonnement, doute.
-Ahimsâ: dommage, délit, nuisance.
-Adayah: et autres, et caetera.
-Krita: fait, acte accompli.
-Kârita: causé, occasionné, provoqué.
-Anumodita: autorisé, approuvé.
-Lobha: avidité, impatience, cupidité.
-Krodha: colère, fureur, emportement.
-Moha: égarement, erreur, illusion.
-Pûrvaka: précédé de, accompagné de.
-Mridu: petit, faible.
-Madhya: moyen.
-Adhimâtrâ: forte
-Dukha: malheur, douleur.
-Ajnâna: ignorance, inconnaissance.
-Anantaphala: fruit destiné à durer, résultat sans fin.
-Iti: ainsi.
-Pratipaksha: le contraire.
-Bhâvanam: fait de produire.
La violence peut prendre des formes multiples, de sa manifestation la plus grossière, la plus apparente, dans les actes physiques, à sa forme la plus subtile, à travers d'éloquents non-dits.
Sans rien dire, on peut violenter l'autre, sous couvert d'amour, en exigeant de lui qu'il soit différent de ce qu'il est, en essayant de le "réduire" à soi-même.
Sans rien dire, on peut participer à la violence ou l'autoriser, on peut la provoquer par son attitude intérieure.
II.40. Shauchât svânga- jugupsâ parair a- samsar- gah.
-Shaucha: propreté, clarté, pureté.
-Svânga: son propre corps.
-Jugupsâ: aversion.
-Para: autre.
-A- : absence de.
-Samsarga: contact, relation.
"La pureté nous amène à être détaché de notre corps et de celui des autres."
II.41. Sattva- shuddhi- saumanasya ékâgrya- in- driya- jaya- âtmadarshana- yogyatvâni cha.
-Sattva: pureté.
-Saumanasya: satisfaction, bonne humeur.
-Ekagrya: concentration.
-Indriya-jaya: maîtrise des sens.
-Atmadarshana: vision du Soi.
-Yogatva: faculté, moyen.
-Cha: et.
"Le fait d'être pur engendre la bonne humeur, la concentration d'esprit, la maîtrise des sens et la faculté d'être en relation avec la conscience profonde."
II.42. Samtoshâd an- uttamah sukha- lâbhah.
-Samtosha: satisfaction de ce qui est, contentement.
-An- uttama: insurpassé.
-Sukha: bonheur.
-Lâbha: obtention.
"Par la pratique de Samtosha, on connaît le plus haut degré de bonheur."
Pratiquer Samtosha, ce n'est pas se contenter ponctuellement de quelque chose. C'est l'état de contentement, un état d'esprit, une attitude mentale qui oriente les pensées, les actes, les réactions.
C'est vivre au présent, dans un état de paix intérieure dans lequel il n'y a plus ni manque ni volonté d'obtenir.
" Désire tout ce que tu as, et tu as tout ce que tu désires."
II.43. Kâya-indriya- siddhir ashuddhi-kshayât tapasah.
-Kâya: le corps.
-Indriya: organe, faculté des sens.
-Siddhi: accomplissement, réalisation, pouvoir.
-Ashuddhi: impureté.
-Kshaya: destruction.
-Tapas: pratique ardente, soutenue.
"Grâce à une pratique intense, qui entraîne la destruction de l'impureté, on améliore considérablement le fonctionnement du corps et des sens."
Le Soi est intégré à notre réalité charnelle. Comment connaître le Soi si le corps et les sens, chargés d'impuretés, opacifiés, font écran, accaparent notre attention ?
N'oublions pas que Patanjali cite la maladie comme l'un des obstacles sur le chemin de la transformation.
II.44. Svâdhyâyâd isthadévatâ- samprayogah.
-Svâdhyâya: intériorisation, écoute et connaissance de soi.
-Ishtadévata: divinité d'élection.
-Samprayoga: union parfaite.
"L'état d'intériorisation permet l'union totale avec la divinité d'élection."
Seule l'écoute intérieure permet d'appréhender le subtil, la dimension divine.
II.45. Samâdhi- siddhir îshvara- pranidhânât.
-Samâdhi: état d'unité, de pure conscience.
-Siddhi: accomplissement, succès.
-Ishvara- pranidhâna: abandon à Dieu.
"Par l'abandon à Dieu, s'accomplit la réalisation du Samâdhi."
Il n'y a pas de hiérarchie dans les différents membres du Yoga.
Vivre totalement l'un ou l'autre permet de connaître l'état de pure conscience.
Texte extrait du livre Yogas-Sutras de Patanjali
Collection spiritualités vivantes-
Albin Michel
A bientôt !
Corinne